Depuis janvier 2022, les banques sont soumises juridiquement aux normes d’octroi du crédit immobilier. La durée de remboursement est limitée à 25 ans (sauf exception) et le taux d’endettement ne peut dépasser 35% des revenus. Les banques ont-elles la possibilité de déroger à ces règles pour certains types d’emprunteurs ?
Quelles sont les principales règles du HCSF ?
Fin 2019, le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) s’était inquiété des dérives potentielles dans la distribution des crédits immobiliers, craignant un endettement excessif des ménages emprunteurs et une menace pour l’équilibre des banques. Il n’était pas rare à cette époque où les taux d’intérêts étaient au plancher de voir des prêts à l’habitat octroyés sur des durées très longues pouvant aller jusqu’à plus de 30 ans. Aucune loi ne régule alors les critères d’octroi, les banques ayant pour pratique tacite de fixer le taux d’endettement maximum à 33% des revenus de l’emprunteur, et de s’accorder toute latitude d’aller bien au-delà en fonction du profil du client (gros revenus par exemple).
Le holà est mis en janvier 2020 avec trois consignes en direction des prêteurs :
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Plafonnement du taux d’endettement à 33% des revenus nets avant impôt
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Limite de la durée de remboursement à 25 ans
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Montant maximum du prêt équivalent à 7 années de revenus.
Sous la pression des acteurs du crédit, les règles du HCSF sont assouplies en janvier 2021 :
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Taux d’endettement maximum à 35% des revenus nets avant impôt, mais assurance emprunteur comprise
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Maturité du crédit limitée à 25 ans, sauf exception dans le neuf (achat en VEFA) ou dans l’ancien avec travaux d’un montant d’au moins 25% du coût total de l’opération où la durée peut aller jusqu’à 27 ans pour une période d’amortissement ne pouvant excéder 25 ans.
La norme est juridiquement imposée aux banques à partir du 1er janvier 2022 via une décision du 29 septembre 2021 publiée au Journal Officiel du 10 octobre 2021.
Dans une période de vive remontée des taux d’intérêts, cet encadrement strict du crédit est facteur d’exclusion, car il est appliqué à l’aveugle indépendamment des spécificités de chaque profil. Le régulateur ne dit mot du reste à vivre qui est pourtant une notion essentielle en matière d’endettement : une fois les mensualités du crédit remboursées, un ménage avec des revenus confortables peut supporter un taux d’endettement supérieur à 35% en raison d’un reste à vivre suffisant, contrairement à un foyer au Smic où la limite de 35% ne maintient pas le reste à vivre à un niveau décent.
Les banques font leur travail de prêteurs, c’est-à-dire qu’elles accordent des financements selon leurs propres critères pour minimiser les risques de défaut de paiement, mais dans le respect des règles du HCSF.
Peut-on obtenir un prêt immobilier hors normes du HCSF ?
Les banques ont toutefois la possibilité de déroger aux règles du HCSF à hauteur de 20% de la production trimestrielle de nouveaux crédits immobiliers. Jusqu’à fin juin 2023, au moins 80% de cette flexibilité maximale pouvaient être réservés aux acquéreurs de leur résidence principale dont au moins 30% aux primo-accédants, les 20% restants étant libres d’utilisation.
Depuis le 1er juillet 2023, une nouvelle décision du HCSF introduit un léger assouplissement des conditions d’octroi : la marge de flexibilité destinée à l’acquisition de la résidence principale passe de 80% à 70%, avec toujours au moins 30% de cette souplesse réservée aux primo-accédants. Il reste donc 30% que les banques peuvent octroyer hors norme aux profils qui les intéressent.
Qu’on soit primo-accédant ou investisseur locatif, les profils les mieux placés pour obtenir un crédit immobilier avec un taux d’endettement excédant les 35% sont ceux qui affichent les meilleurs critères :
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Revenus élevés
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Emploi stable avec évolution de carrière
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Apport personnel conséquent
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Reste à vivre important
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Saut de charges nul voire négatif (différence entre le futur ex-loyer et la mensualité de crédit à assumer).
On assiste à l’explosion de l’apport personnel en 2023, élément décisif pour décrocher le financement de tout projet immobilier. Rappelons par ailleurs que le nouveau calcul du taux d’endettement pénalise les investisseurs : le HCSF impose la méthode classique plutôt que la formule différentielle qui permettait de déduire les revenus locatifs de la mensualité, ce qui favorisait le taux d’endettement.
Comment diminuer son taux d’endettement ?
Qu’on soit éligible ou non à la marge de flexibilité, l’important est toujours de minimiser son taux d’endettement :
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Les primo-accédants peuvent booster leur apport personnel grâce à la famille afin de diminuer le recours au crédit.
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Une des solutions pour optimiser son taux d’endettement est de profiter au plus vite du PTZ 2023. Réservé aux primo-accédants, le Prêt à Taux Zéro peut financer jusqu’à 40% du montant de l’opération et ne sera accessible en 2024 qu’au logement neuf en habitat collectif situé en zone tendue.
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Dernier conseil et non des moindres, il est possible de baisser le coût du crédit immobilier en 2023 grâce à l’assurance emprunteur. Les offres externes sont jusqu’à trois fois moins chères que les assurances groupe bancaires, à garanties équivalentes. Mettez les contrats en concurrence via un comparateur d’assurance prêt immobilier pour visualiser l’intérêt financier de souscrire une assurance individuelle déléguée.